Steve Darcis refuse de jeter l'éponge: "Je ne veux pas finir sur une blessure"
À 34 ans, Steve Darcis traverse sa plus longue période sans tennis.
- Publié le 11-05-2018 à 07h17
- Mis à jour le 11-05-2018 à 07h35
Steve Darcis n’a plus disputé un match de tennis depuis le dimanche 26 novembre 2017. Dans le grand stade de Lille, Monsieur Coupe Davis avait été corrigé par le Français Lucas Pouille en finale de Coupe Davis lors du 5e match décisif 6-3, 6-1, 6-0.
Cent soixante-six jours plus tard, le Liégeois n’a toujours pas repris le chemin de la compétition. Inscrit à Roland-Garros, il avait fait naître l’espoir d’un retour imminent à la compétition. Il n’en sera rien. Alors que sa saison n’a toujours démarré, il a officiellement enterré l’espoir de disputer un match officiel en 2018. À 34 ans, Shark vit sa plus longue période de convalescence. Le coupable se situe dans son bras.
“Je souffre d’une fissure au tendon”, confie Steve Darcis à l’occasion d’un événement organisé par Hope and Spirit. “Cette fissure était résorbée. À cause de mes opérations à l’épaule et au poignet, mon corps a mis plus de temps à se retaper. Il y a quelques semaines, j’ai passé une échographie qui montrait que la fissure était résorbée.”
Il y a 3 semaines, son staff médical lui a même donné le feu vert pour reprendre sa raquette. “Tout s’est bien passé lors des premiers jours. Mais, en fin de semaine, la douleur est revenue.”
Le coup était dur pour celui qui avait trimé physiquement pour entretenir sa condition. Mentalement, il résistait car l’espoir d’une reprise rapide demeurait. “Très vite, j’ai ressenti une douleur dans tout le bras. J’ai revu le docteur Joris et des spécialistes dont le Brugeois Soenen.”
Le verdict était cruel : inflammation du même tendon. Un monde s’écroule. Le plan A tombe à l’eau. Un autre marathon démarre. “J’ai discuté avec mon staff et mes proches. Que devais-je faire ?”
En réalité, il avait le choix soit de reprendre en septembre avec son classement protégé (ATP 90), soit il reprenait lors du passage à 2019. “Je ne voyais pas l’intérêt de reprendre pour les deux derniers mois. Je n’aurais eu que 9 mois pour faire jouer mes 9 classements protégés. En reprenant en janvier, j’aurai été sur la touche plus d’un an, ce qui signifie que j’aurai 12 mois pour faire jouer mes 12 classements protégés. Je devais mettre un terme à une saison qui n’a donc pas commencé.”
Il traverse donc une période de 14 mois sans disputer le moindre tournoi. Malgré son âge, il n’envisage pas de remiser définitivement sa raquette au placard. “Non ! L’opération n’était pas envisageable. Si j’avais dû être opéré, j’aurais tout arrêté. J’ai donné à ce niveau. J’ai discuté avec Michaël Llodra qui a subi cette opération. Il a été au repos 18 mois avant d’arrêter.”
Il acquiert deux certitudes/Non seulement, il prend le temps nécessaire pour se reposer, ce qui est le seul remède, mais, en plus, il gagne la certitude de vivre une saison pleine car il entrera au moins dans 12 tournois importants. “Il faut encore que mon corps tienne le coup”, prévient-il.
En décembre, il s’envolera avec les boursiers à l’occasion du stage Hope and Spirit à Abu Dhabi.
“Je ne veux pas terminer ma carrière sur une blessure ou en jouant avec des douleurs. Dans les prochains mois, je ne bosserai pas comme un dingue sinon je deviendrai dingue en fin d’année. Je prévois de reprendre de manière plus intensive lors des 4 derniers mois de l’année. Je partirai au stage à Abu Dhabi.”
Il conservera la même équipe à ses côtés. Yannis Demeroutis, son entraîneur, ignore ce que l’avenir sportif de Steve lui réservera encore. “Tout dépendra des premiers tournois, souffle-t-il. Avec le Transition Tour, le calendrier des Challengers changera. Il y en aura plus. Le programme n’est pas encore défini. Il faudra d’abord être à l’écoute de son corps.”
Steve Darcis ne semble plus inquiet. Depuis qu’il est en âge de tenir une raquette, il a multiplié les blessures plus ou moins graves. Il pourrait écrire une encyclopédie sur tous les maux qui peuvent toucher un joueur pro de tennis. Jusqu’ici, il n’avait jamais été privé de tennis plus de 9 mois. “Je crois en mon retour. Lorsque j’ai repris ma raquette durant quelques jours en avril, j’ai vite retrouvé mes sensations. Mon tennis est toujours là. En plus, je ne suis pas impressionné par le niveau du circuit ATP. J’y ai toujours ma place. Mon jeu peut embêter les petits jeunes qui n’ont pas mon expérience. Mentalement, l’envie est toujours là. Physiquement, je m’entretiens. Je passe chez le docteur toutes les 3 semaines pour des check-up. Je reviendrai. J’ai encore ma place dans le Top 100. En fonction des circonstances, je peux revenir dans le Top 50.”
Quand on lui rappelle que le retour de Novak Djokovic est fastidieux, Steve Darcis ne s’en émeut pas. “Il n’avait jamais connu une période de convalescence. Moi, j’ai l’habitude. Je sais que rien ne remplace un match.”
Pour conclure, Michel Bouhoulle, responsable du club qui accueillait l’event Hope and Spirit, rappelait une anecdote significative. “Je me souviens d’un 10.000 dollars à Westende. Steve Darcis revenait sur le circuit après une longue blessure. Il avait perdu en finale contre Niels Desein au tie-break du set décisif. Il avait accepté de jouer un tournoi de seconde zone. Six ou sept mois plus tard, il était de retour dans le Top 50.”
Steve Darcis a appris à ne pas voir trop loin. “L’an prochain sera déterminant pour la suite de ma carrière.”
Le chiffre du jour : 0
C’est le nombre de messages de soutien reçus par Steve Darcis en provenance des joueurs sur le circuit ATP. “Je ne suis pas surpris, dit-il. C’est un sport individuel.”
Arnaud Bovy : “J’admire le courage de Steve”
Boursier chez Hope and Spirit, Arnaud Bovy, 17 ans, s’est qualifié pour son premier tableau finale junior en Grand Chelem. Alors que son grand frère Steve Darcis ne sera pas à Paris, lui il y sera en pensant à Shark. “Steve me donne son avis et ses conseils”, confie le Liégeois qui a grandi dans la commune voisine de celle de la famille Darcis. “Quand j’étais plus jeune, je m’entraînais au Tennissimo qui appartenait à Alain, le papa de Steve. Je le vois comme un exemple. Sa carrière inspire le respect. Quel courage ! Il a été victime de nombreuses blessures, mais il est toujours revenu. Là, il sera sur le flanc plus d’un an. Il reste solide dans sa tête. Il n’est pas Monsieur Coupe Davis pour rien. En plus, il est aussi liégeois, une autre de ses qualités.” (rires)
Sur la Coupe Davis : "On ne nous dit pas tout !"
Steve Darcis restera éternellement lié à la Coupe Davis dont le sort sera réglé le 19 août à Orlando. “Moi, je pense qu’on ne nous dit pas tout, coupe Steve Darcis. La décision est sûrement déjà prise. Il y a tant d’argent en jeu que tout est déjà décidé.” Tant qu’à parler de Coupe Davis, il ne cache pas qu’il aimerait assumer le rôle de capitaine. “Pour le moment, je prépare ma saison 2019 de joueur. Être capitaine un jour serait un rêve. Pour le moment, la question ne se pose pas. Johan Van Herck accomplit un super job. Il est bien en place.”
Sa raquette : "La même qu'au magasin"
Artengo avait tout prévu. Depuis 18 mois, la marque sportive travaille sur une raquette spéciale pour Steve Darcis. Elle devait être lancée pour Roland Garros. La TR 900 a été pensée par Mister Coupe Davis. “J’ai testé 4 raquettes. Avec la TR 900, je n’avais pas mal au poignet. Elle était un peu trop rigide. On a assoupli le moule. Elle part bien et m’offre plus de contrôle. Cette raquette est plus que très bien. Les gens pensent que je ne joue pas avec une raquette du magasin. Ils se trompent. Ma raquette est juste personnalisée. Elle pèse 322 grammes au lieu de 280. Tout le monde peut la personnaliser. Quant à mon cordage, il n’est pas encore défini.” Il a demandé à une artiste de customiser sa raquette. Là aussi, tout le monde peut le faire.